j’ouvre les yeux
oh
le mont Fuji
j’ouvre les yeux
ok
le mont Fuji
j’ouvre les yeux
roh
le mont Fuji
j’ouvre les yeux
oh
le mont Fuji
j’ouvre les yeux
ok
le mont Fuji
j’ouvre les yeux
roh
le mont Fuji
Or c’est un volcan. Mais lave, pierres, cendres ? Non, le Fuji en éruption crache des haïkus et des estampes. Mais alors, tous aux abris !
Il ne lui suffit pas de sa sirène hurlante. Le camion des pompiers lancé à travers les rues de Tokyo émet aussi en continu des vociférations terribles appelant, je suppose, piétons et automobilistes à garer leurs fesses. L’homme est décidément bien dans la peine pour n’attendre de secours que de cet effrayant bolide.
Fuji ignifugé ne craint que la cuisante brûlure de la neige.
Matin et soir, le métro de Tokyo ouvre des voitures réservées aux femmes, ce qui est sage sans doute, même s’il m'est assez difficile d’imaginer ces hommes que j’observe dans la rame, parfaitement indifférents aux jupettes environnantes (lesquelles je remarque moi-même d’un œil éteint pour les besoins de ce reportage), toutes leurs terminaisons nerveuses connectées aux portables, se transformant en frotteurs compulsifs aux heures de pointe.
Takeshita-dori, pour seulement 2000 yens, dans des cafés dédiés à ces papouilles, il est possible de prendre sur ses genoux et de câliner pendant 25 minutes un porcelet, un hérisson, un furet ou même une loutre… Que leurs puces les vengent !
Le Français croit que le savoir-vivre lui commande d’adopter ici l’exquise courbette. Convaincu dès lors que notre salut est un coup de tête, le Japonais en tâtant sa bosse réserve ses billets pour Paris.
Grâce à ma pratique assidue de la méditation, je n’ai jamais eu aucun mal à faire le vide autour de moi.
Les théâtres de Kabuki ayant intégré la mince tolérance à l’art et à l’ennui du spectateur contemporain proposent des sièges pour un acte unique. L’idée me paraît astucieuse et je suis disposé désormais à ne commercialiser que la première page de mes livres. Ensuite, le lecteur pourra vaquer à autre chose et, moi, je me serai quand même fait quelques yens.
Au reste, l’avaleur de sabre qui se fait hara-kiri n’a besoin de personne pour croiser le fer.
Assis nu dans l’onsen, à Hakone, je laisse venir mes pensées. Au vrai, il ne m’en vient qu’une : je suis assis nu dans un onsen, à Hakone.
Les touristes se prennent volontiers pour des ethnologues. Ils forment pourtant une tribu assez peu digne d'observation.
Il n’aura pas su enseigner
la langue à ses élèves. En conséquence de quoi, c’est principalement lui, Mallarmé,
qui fait aujourd'hui les frais du globish, cet anglais utilitaire et approximatif dont nous usons en voyage entre non-anglophones. Jamais
il n’est question de son œuvre dans nos échanges.
Ici, la pluie n’est pas composée d’eau, du moins pas essentiellement (il y en a quand même un peu). Le vent est un bloc d’air immobile. Certains lavabos sont comestibles, et même savoureux, mais pas tous, il y en a aussi de vénéneux, on se renseignera donc avant pour ne pas avaler n’importe quoi.
Ce qui surprend aussi, c’est la prolifération des alligators dans les rues de Tokyo. Les habitants se déplacent sur des échasses pour éviter leurs cruelles morsures.
(Il me faut peut-être préciser que, craignant de n’avoir guère le temps de prendre des notes durant mon séjour japonais, j’ai écrit la plupart de ces considérations avant mon voyage.)
Joyeuse rencontre au Sansakizaka Café, diligemment organisée et animée par une étudiante qui travaille sur mes livres. Hiroko parle un français parfait et son japonais est carrément bluffant.
Miam ! Dorénavant, je volerai mon œuf à Kobe.
Dans l’immense cimetière de Yanaka, une aire de jeux a été aménagée pour les enfants. C’est au soir, constatant que leurs parents ne viennent pas les rechercher, que les malheureux petits comprennent qu’ils sont désormais orphelins.
J’ai toujours eu le thé en horreur, mais je suis au Japon, je fais donc un effort et, en effet, le whisky est fameux.
Plus imperméable que le parapluie, l’ombrelle circonscrit un cercle de grâce où laideur et vulgarité ne peuvent pénétrer.
Je ne me donne pas assez d’importance pour craindre que le fatal tremblement de terre tant redouté se produise justement maintenant parce que je suis là. Ma modestie me sauve la vie.
Deux jours à peine sur place et je suis Tokyoïte comme le Tokyoïte. Il ne m’aura pas fallu longtemps ! Je déambule, défile, prends la pose, souris, je fais déjà très bien au Japon le Japonais en France.
Ah ! la saison des variétés tardives de cerisiers en pleine défloraison ! Qui ne l’a pas connue ne sait rien de Tokyo.
Jardin zen passé au peigne fin. Rien trouvé ? Si ! Trouvé rien.
Soleil Levant, éblouissant dans la nuit du jet lag.
Quel
écrivain français contemporain n’a pas écrit son petit roman japonais ? Le
risque semble sérieux. Je promets de rester vigilant afin de ne pas me laisser
happer par l’engrenage.
L’empreinte
d’un pied sur le sable du jardin zen. Vendredi ! Encore lui ! N’y
aurait-il donc jamais moyen de rester seul ?
L’homme se place contre l’angle du mur et, incliné légèrement, arrondit sa main pour allumer sa cigarette à l’abri du vent. C’est comme un baiser de soi à soi dans l’encoignure.
Le
radis sait reproduire à la perfection le bruit d’une pomme croquée, mais une
seule fois.
L’humour
est étranger à la gaieté. Il ne me viendra jamais à l’idée d’allumer un
lampion.
un marin
deux
marins
trois
marins endormis
un
barreau
deux
barreaux
courte
échelle
Je me
débarrasse en hâte de mes faux haïkus avant de m’envoler pour le Japon. Ils ne
passeraient pas la douane.
Alors moi, par exemple… Curieux, c’est toujours cet exemple-là qui lui vient.
Cul
couché enfin sourit.
grand
maître de go
meilleur
G.O
du
Club Méditer à no
Bien rares tout de même les particuliers que l’on serait tentés de cambrioler pour voler leurs idées.
Le pet
n’est pas ce qu’on croit. Plusieurs fois par jour, devant la tâche de vivre,
l’homme se dégonfle.
grand
maître de go
soudain
nigaud
gagne
et s’écrie bingo
Tout
ce que tu me dis est si beau, quel dommage que tu ne sois pas bègue !
J’ai
repoussé les murs de ma solitude pour éloigner les assiégeants.
grand
maître de go
prend
les noirs et montre les crocs
faim de gigot
L’angoisse est un astre crépusculaire qui monte dans le ciel avec la nuit, mais que l’on distingue pourtant parfois dans l’azur le plus parfait, comme la lune.
Le
crocodile s’est-il jamais demandé s’il ne pourrait pas faire autre chose ?
grand
maître de go
soudain
nigaud
ne
sait où placer ses lingots
La gloire est la chose du monde la mieux partagée. Qui n’a jamais placé sa boule contre le cochonnet et sa fléchette au centre de la cible ?
Il
a toujours à la bouche une blague idiote, une information inutile, une citation
fautive, ou une papillote.
grand
maître de go
excite
tout de go
la
colère de Christine Angot
Il est regrettable que le réalisateur auquel ont été confiées toutes ces caméras de surveillance ne tourne que des polars.
Nous
avons sur les filles l’avantage de pouvoir pisser sur nos chaussures. Bien sot qui
s’en prive !
grand
maître de go
mais
vrai gogo
dans
le piège du conjungo
Mais vivrai-je seulement assez peu longtemps pour ne pas voir ça ?
La
calzone ? Il se trouve donc encore des ingénus pour nier que la pizza est
plate !
grand
maître de go
soudain
nigaud
son
adversaire un Wisigoth
En bonne logique, dans ce monde insensé, nous devrions tous être fous. Il nous faut donc une forte dose de déraison pour ne pas le devenir.
Vins
fins et mets raffinés, mais on s’ennuie à mourir autour de cette table en chêne
massif. Sur sa souche, c’est binouze, sauciflard, frometon et corniflards. On
rigole.
Trump
décrète l’embargo
sur
les pierres rondes de l’Idaho
le
maître tire sur son mégot
Je me rends compte que j’ai assez peu parlé du dindon, finalement. Je l’ai peu fait intervenir, peu cité. Il y a sans aucun doute une raison à cela. Mais j’ai beau chercher avec toute la sincérité possible et me livrer à la plus féroce introspection, je ne la trouve pas.
Système
patriarcal et domination masculine en un mot ? Bonhomie.
grand
maître de go
petit
Poucet nigaud
cailloux
se sèment dans le dos
La radiographie a révélé que son corps recélait un cœur, un estomac, deux reins, deux poumons… Aucun doute possible, il fait la mule pour un trafiquant d’organes.
Rétribué au
lance-pierres, viré sans préavis ni indemnités par son éditeur si celui-ci en
décide ainsi, l’écrivain travaille au noir. Et je ne dirai rien de ses horaires
si ce n’est qu’il a pour collègues dans l’open-space le veilleur de nuit, le
laitier et l’urgentiste.
Que savons-nous de la limande ? Peu de
chose, en somme. Qu’elle n’a pas de seins et c’est à peu près tout.
Il y a ce moment de flottement où l’escalier parvenu à l’étage n’a pas compris encore qu’il n’irait pas plus haut. Il pédale dans la semoule, il pioche dans le vide. Puis, incapable de s’accommoder de toute cette platitude, le plus souvent, il préfère redescendre.
Inutilité
de la capuche qui éteint quand on la coiffe la flamme que l’averse allait
noyer.
grand
maître de go
soudain
nigaud
son
goban un toboggan
Je crains d’arriver à Tokyo après la floraison des cerisiers. Alors je m’en mets plein la vue maintenant, dans mon jardin, en contemplant le mien.
Une
fenêtre de tir qui ne serait pas une meurtrière ?
grand
maître de go
soudain
nigaud
au
lieu de sa pierre un lego
Je ne peux retenir mon rire tant son imitation du cri de la mouette est parfaite, et tant pis si le fait qu’elle soit elle-même une mouette atténue sans doute un peu l’éclat de sa performance.
Né
lapin vivra lapin. Il y en a pour qui c’est simple.
Le ver
de terre aère et nourrit le sol de ton potager. Tu peux quand même bien
l’autoriser en retour à offrir une de tes laitues à la limace !
Plus bas, dans la vallée, au fond d’un jardin, j’avise une roulotte ancienne qui évoque aussi bien gitans et bohémiens des époques révolues que les troupes de comédiens ambulants qui battaient les estrades sur les places de village. Elle a quitté les chemins vicinaux pour ce gazon bourgeois.
Elle
doit être à présent une pittoresque chambre d’amis. Une jardinière aussi, car
elle a été flanquée de balconnets fleuris. Les larmes viennent toutes seules.
Et l’on n’a qu’une envie, s’arracher de là. Foutre le camp.
Tailler
la route !
Or le miroir que j’avais si aisément traversé pour accéder au jardin enchanté était accroché à un mur contre lequel je me brisai le nez.
– Un café pour moi et une écuelle d’eau pour le
chien si c’est possible ?
– Bien sûr, monsieur.
– Et une tonne de fourrage pour mon
troupeau ?
L’enfant comprend bientôt que la vie ne sera
pas une partie de plaisir. Ou bien la petite cuillère serait pour la soupe et
la grande pour la crème.
Le temps des terrasses ensoleillées est revenu, mais j’ai du mal à m’arracher au fauteuil club du café où j’ai hiberné. J’envisage d’enchaîner sans bouger sur une confortable estivation.
Elle
se satisferait très volontiers de sirop de menthe, de chocolat chaud ou de
crème anglaise. Est-ce de sa faute, à la puce, si son hôte ne lui propose
jamais que du sang ?
Je ne
connaissais pas l’angoisse de la page blanche, et voici qu’elle me visite. Sueurs
froides, tremblements. Tant de gens écrivent aujourd’hui que je crains la
rupture de stock.
[Amis Tokyoïtes, je serai heureux de vous rencontrer enfin le 22 avril à 19 h. Toutes les informations ici.]
ni une silhouette dans les rues
pas
même un point dans les nues
où
es-tu, M’as-tu-vu
à
croire qu’il a disparu
par
magie turlututu
chapeau
pointu, M’as-tu-vu
ni
sa figure ni son cul
a-t-il
seulement vécu
jamais
plus, M’as-tu-vu
Je déclare officiellement ouvert ce nouvel espace de vie voué à l’harmonie, à l’épanouissement de l’être dans toutes ses activités et relations, à l’amour, à la douceur, aux échanges fructueux et apaisés avec toutes les créatures, à la volupté, à la musique, aux livres qui réjouissent l’intelligence… Ayant dit, je coupai le cordon ombilical de ma fille.
Marine Le Pen
inéligible. Voudrait-on nous empêcher de ne pas voter pour elle ?
Seule la personne qui
partage notre vie finit par comprendre à quel point il nous est pénible d’être nous-même,
jusqu’à partager finalement ce sentiment. Encore un miracle de l’amour…