jeudi 31 octobre 2024

5687

L’homme est avant tout et depuis l’origine un ingénieur, un mécanicien prodigieux. Il n’a cessé de perfectionner son équipement technique et il est dans son principe et sa logique qu’il finisse par concevoir et mettre au point la machine qui le supplantera en tout domaine. Encore un effort, nous y sommes presque. Alors, nous pourrons disparaître, avec le sentiment du devoir accompli.

 

– Striiiiiike !!!

– Monsieur Cioran, s’il vous plaît, vous n’êtes pas tout seul.

 

Dans un communiqué, la C.PC.D. (Communauté des Propriétaires de Cockers de Dijon) se plaint d’être invisibilisée dans l’espace public (sic) et entend bien faire bouger les choses, quitte à recourir s’il le faut à la lutte armée (sic).

 

mercredi 30 octobre 2024

5686

La décision que tu prends de devenir très prochainement sobre et frugal – cesser de fumer, de boire, manger des nourritures saines – te donne le sentiment gratifiant que ce régime et cette diète ont déjà commencé, si bien que tu te trouves quitte de la vague culpabilité qui te gâchait un peu ces excès auparavant. Enfin, tu peux fumer, boire et bâfrer comme un chancre, avec la plus voluptueuse insouciance.

 

Doivent s’y mettre à deux pour te faire gentiment la bise, les limaces.

 

Et si pourtant la Communauté des Propriétaires de Teckels de Dijon parvenait au pouvoir… Le front républicain se lézarde, le plafond de verre est fêlé, cette hypothèse n’a plus rien d’invraisemblable. Je tremble alors en imaginant quel pourrait être le premier train de mesures d’un tel gouvernement.

 

mardi 29 octobre 2024

5685

J’aurais pourtant mis tout le monde en garde contre les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique, mais nul n’est prophète de l’Apocalypse sur sa planète.

 

Ce sont les anges qui ont ce vol erratique, la chauve-souris ne fait que les éviter.

 

La Communauté des Propriétaires de Teckels de Dijon (C.P.T.D.) posséderait une antenne à Colmar (C.P.T.C.) et une autre à Aix-en-Provence (C.P.T.A-P.). Aussi bien pourrions-nous craindre une lame de fond déferlant sur le pays si, pour l’heure, chacune des fédérations locales n’estimait constituer le foyer principal de la Communauté. Or il va de soi que jamais la C.P.T.D. n’acceptera d’être tenu pour une simple antenne de la C.P.T.C. On a sa fierté. C’est même cette vanité jalouse et chauvine qui nous a évité jusqu’à ce jour un raz-de-marée électoral.

lundi 28 octobre 2024

5684

On s’étonne de me voir tout de blanc vêtu, casquette, chemise, pantalon, chaussettes, chaussures. C’est que je vais faire un tennis en 1930.

 

Ce n’est pas exactement pareil si c’est parfaitement identique.

 

Des sensibilités plus fines se manifestent à présent qui pourraient bien précipiter le démantèlement de la C.P.T.D. En effet, les propriétaires de teckels à poil ras de Dijon couleur réglisse tiennent aujourd’hui à prendre leurs distances avec les propriétaires de teckels à poil ras de Dijon couleur caramel, conflit qui pourrait bien s’étendre aux propriétaires de teckels à poil long de Dijon… Mauvaise nouvelle au moment où l’on cherche des solutions pour désengorger les Urgences de l’hôpital public.

dimanche 27 octobre 2024

5683

Un comptoir est une digue trop frêle et bientôt submergée quand la bière déferle, engloutissant les malheureux qui se croyaient à l’abri derrière et que l’on repêche ensuite, enflés, méconnaissables, dans l’écume et les remous de la vague qui se retire.

 

J’ai souvent dû me transporter fort loin pour attendre le train du retour.

 

On parle de nouvelles alliances. Les propriétaires de teckels à poil long de Dijon mâles et leurs homologues à poil ras auraient réussi à surmonter leurs désaccords afin de former un bloc uni contre les propriétaires de teckels à poils ras de Dijon femelles, lesquels à leur tour seraient parvenus à un compromis avec leurs homologues à poil long afin de présenter face aux premiers un front solidaire, tout cela bien évidemment faisant le jeu des extrêmes.

samedi 26 octobre 2024

5682

Je n’ai pas aimé son roman. Les faits se précipitent et s’enchaînent de manière complètement incohérente, tout va trop vite, on a le sentiment de déraper à la surface. Non, j’ai vraiment détesté ce livre. D’ailleurs, je l’ai lu en diagonale.

 

N’oublie pas que quand tu plantes fièrement ta bite, le drapeau, c'est ton cul, frérot.

 

Or ça ne s’arrange pas. Des fractures nouvelles apparaissent au sein des sous-groupes rivaux de la Communauté des Propriétaires de Teckels de Dijon, plus connue sous le nom de C.P.T.D. Les propriétaires de teckels à poils longs de Dijon femelles et les propriétaires de teckels à poil long de Dijon mâles se déchirent sans merci. De semblables dissensions se feraient jour également au sein du groupuscule des propriétaires de teckels à poil ras de Dijon. Et ce sont encore nos enfants qui paieront l’addition !

vendredi 25 octobre 2024

5681

Une friction d’orties ravive la circulation du sang, après quoi ces feuilles plongées dans l’eau bouillante te feront une soupe revigorante. Ou alors tu te roules sur la mousse puis tu commandes du champagne, c’est bien aussi.

 

Elle fait de lui tout ce qu’elle veut. Ces temps-ci, elle lui laisse pousser la barbe.

 

Cela couvait, mais la scission est à présent consommée. Sans doute serait-il même plus juste de parler de schisme. La Communauté des Propriétaires de Teckels de Dijon (C.P.T.D.) a implosé. Entre propriétaires de teckels à poil ras de Dijon et propriétaires de teckels à poils longs de Dijon, aujourd’hui, c’est la guerre.

jeudi 24 octobre 2024

5680

Il se dirige vers moi, son Guide vert à la main, fait halte devant ma table en terrasse, m’observe un moment et repart. Je vais devoir changer mes habitudes.

 

Comme un cheveu sur la soupe, la queue de la cerise sur le gâteau.

 

La Communauté des Propriétaires de Teckels de Dijon, ou C.P.T.D., est très sourcilleuse et soucieuse du respect qu’elle estime lui être du. Elle ne laisse passer aucune offense et n’hésite pas à traîner devant les tribunaux les petits malins qui, sous couvert d’humour, traitent leurs chiens de saucisses, par exemple, ou prétendent qu’il doit être bien difficile de différencier la bête de son étron au moment d’emballer celui-ci dans un Canisac. On ne saurait tout tolérer. Il convient de châtier avec la plus grande sévérité ces teckelophobes.


[L’Arbre vengeur et d'autant plus fidèle publiera en janvier le dix-septième volume de ce journal, intitulé L’Autofictif travaille son dribble en forêt. Une souscription est d’ores et déjà ouverte pour les lecteurs qui souhaiteraient soutenir notre effort, participer à l’œuvre commune, recevoir un exemplaire signé et disposer du livre dès décembre afin de pouvoir l’offrir à leurs milliers d’amis. Informations ici. ]

 

 

mercredi 23 octobre 2024

5679

Quand l’automobile se substitua à l’hippomobile, le maréchal-ferrant ne prit pas immédiatement acte de ce changement et poursuivit avec acharnement sa besogne. Toutes les voitures en conséquence se retrouvèrent bientôt à l’arrêt, leurs quatre pneus crevés par ses fers. L’écrivain n’incarnerait-il pas aujourd’hui avec une perfection et un zèle qui imposent le respect cet émouvant ringard ?

 

Quand enfin elle s’éloigne, la catastrophe croise le petit tracas qui trotte, pressé de revenir.

 

Il ne faudrait pourtant pas que la C.P.T.D. (Communauté des Propriétaires de Teckels de Dijon) prenne publiquement le parti de Trump. Parce que si elle met tout son poids dans la balance, il ne fait guère de doute que c’en sera bien fini des espoirs de Kamala Harris.

mardi 22 octobre 2024

5678

Tous les propriétaires de teckels de Dijon se sont donnés rendez-vous place de la Libération. Ces chiens grouillent comme des vers entre les pattes de leurs maîtres. On sous-estime ordinairement la puissance de cette communauté, me semble-t-il. Pour ma part, je vivrai désormais dans la crainte du jour où ils déclencheront leur attaque.

 

LE MÉDECIN – Votre convalescence est terminée. Vous allez maintenant être dirigé vers notre service de soins palliatifs.

 

Le vin peut se boire aussi cul sec en suppositoire comme le suggère et le permet la forme de la bouteille. On prétend même que ce serait le mode d’administration favori des vrais amateurs. Je conserve un doute malgré tout.

lundi 21 octobre 2024

5677

Trop souvent, elle encombre, elle met à tout ce qu’elle considère un ventre, un double-menton, elle en ajoute une couche, elle pèse. Mauvaise graisse du réel, la littérature, alors, et la seule question qui se pose : comment l’éliminer ?

 

Ponge ne se prive de dire son fait à chaque chose.

 

Quelle énigme pourtant ! Souvent, le cure-dent rapporte une olive.

dimanche 20 octobre 2024

5676

On ne laisserait pas une lichette de confiture dans le pot ni une miette de pâté dans la terrine, mais dès qu’il s’agit de racler l’intérieur de sa boîte crânienne afin d’aller vraiment au bout de sa pensée, plus personne.

 

La vivacité du coati le dérobe la plupart du temps à nos observations. Réfléchissez : quand en avez-vous vu un pour la dernière fois ?... Alors ?

 

Membre ancien des EA (Écrivains Anonymes), j’entends bien sortir de cette obscurité et devenir un alcoolique célèbre.

samedi 19 octobre 2024

5675

Il avait des yeux et des oreilles, j’ai pensé que c’était un espion.

 

Encore une locution à la mode qui ne peut que désoler l’homme soucieux de justesse : ‘’au pire’’. Au pire, j’arriverai avec dix minutes de retard… Au pire, on se prend des frites… Au pire, on invite aussi Jeanne et Dominique... Eh bien non. Au pire, tu n’arriveras jamais parce qu’un bus t’aura roulé sur le corps… Au pire, nous nous prendrons un missile sur le coin du bec… Au pire, nous n’inviterons ni Jeanne ni Dominique ni personne, car l’humanité aura disparu la veille de la surface du globe percuté par un astéroïde.

 

J’ai attrapé la rivière avec mon épuisette. Seules ses gouttes ont réussi à passer entre les mailles.

vendredi 18 octobre 2024

5674

Ayant toujours eu du nez pour anticiper les désirs du consommateur, il a fait fortune en vendant des quilles couchées.

 

Je crois n’avoir jamais utilisé l’expression ‘’Pas de souci’’. Il faut dire aussi que tout me contrarie.

 

Et, par exemple, la sonnerie du micro-ondes qui, toutes les 30 secondes, me rappelle avec l’impatience d’un chef de bureau vétilleux que je dois retirer mon plat m’horripile au-delà de toute mesure. D’autant que le harcèlement de ce petit four d’appoint, qui semble avoir pris goût à son pouvoir de nuisance, s’étend désormais à tous les domaines de ma vie. Il se croit autorisé à intervenir dès que je tarde à achever la moindre besogne. Il s’immisce de manière indécente dans les moments les plus intimes de ma vie. Or parfois, je suis désolé, il faut du temps.  Et même lorsque, sur la page, ma phrase reste en suspens plus de 30 secondes, il sonne !

jeudi 17 octobre 2024

5673

mes mains se sont ouvertes

pour polir les pierres

pour recevoir les flocons

pour accueillir la vie

 

mes mains se sont ouvertes

pour caresser les collines

pour entretenir le feu

pour accueillir l’amour

 

mes mains se sont ouvertes

et le bébé a chu

 

[Retrouvons-nous ce soir à 20h à la Maison de la poésie pour le Marathon autofictif de Christophe Brault]

mercredi 16 octobre 2024

5672

« Chaque fois que le mot Jules n’est pas suivi du mot Renard, j’ai du chagrin », écrivit donc Jules Renard. Davantage d’occasions encore d’être affligé quand le mot renard n’est pas précédé du mot Jules, non ?

 

Je suis capable de jongler avec six œufs et d’en ajouter encore un septième et de l’emmental râpé.

 

Bon anniversaire, belle petite. Une bougie de plus à ta constellation. Comme elle scintille ! 

mardi 15 octobre 2024

5671

Hier, il avait pu inventer encore celle d’une otarie déguisée en écuyère qui arrache trois brins à la queue de son cheval puis les tresse afin de remplacer la ficelle rompue de son bilboquet. Mais, ce matin, sec devant sa page, l’écrivain doit se résoudre à l’admettre, on y est arrivé, cette fois, au moment tant redouté et cependant inévitable où toutes, absolument toutes les histoires ont été racontées.

 

La zone a été passée au peigne fin, mais trop tard : on a retrouvé le cadavre tout échevelé.

 

J’espérais troquer un service de douze assiettes à escargots contre un taille-haie, on m’a mis à la porte de ce club échangiste ! Comprends pas. Ça me paraissait un marché honnête.

lundi 14 octobre 2024

5670

Je ne suis pas le seul écrivain illustre natif de la Roche-sur-Yon. Il y a aussi Émile Faguet.

 

LA MÈRE – Regarde, mon bébé, comme elle est jolie... C’est ta première chemise !

L’ENFANT – M’en fous !

 

Le fataliste pourrait au moins être exempté des efforts à fournir dans les côtes.

dimanche 13 octobre 2024

5669

Son écorce est douce et spongieuse, on peut boxer le séquoia sans s’abîmer les poings. C’est très injuste, mais dès lors, même quand nous n’avons rien à lui reprocher, il paye pour tous les autres arbres.

 

Cette fois, le parachute ne s’est pas ouvert et je me suis écrasé sur ma page.

 

Il s’agit, avec de légers mouvements de tête, de faire rouler nos globes oculaires sur la surface du visage afin de les positionner dans les orbites. S’ils tombent dans la bouche, c’est perdu.

samedi 12 octobre 2024

5668

Mes talents ne rapportent rien. Ne valent rien, donc ? M’aura en tout cas manqué celui de les monnayer. Droits d’auteur plus dérisoires que jamais cette année. Tant de labeur improductif. Franchement, cela vous ôte l’envie d’être vertueux. Je viens de commander trente tonnes de glyphosate.

 

Même si son reflet s’attarde sur l’écaille luisante du serpent, prenez garde, l’éclair n’a pas renoncé aux fulgurances.

 

C’est une tradwife. Elle veut sept enfants. Et épouser un ogre.

vendredi 11 octobre 2024

5667

Qu’attendre de bon d’une créature qui, pour survivre en ce monde, a dû, avant toute autre chose, s’équiper d’une hache, d’un couteau, d’un casse-tête et d’un javelot ?

 

La mésange zinzinule, le rossignol quiritte, le merle jase, le courlis siffle, le moineau pépie, le rouge-gorge tousse.

 

Le hasard des coïncidences est parfois bien cruel. Gasquet annonce sa retraite, mais Nadal aussi la sienne, qui lui vole une fois de plus la vedette. C’est comme cette malheureuse Han Kang qui décroche le prix Nobel de littérature le jour même où je publie trois notes sur mon blog !




jeudi 10 octobre 2024

5666

À quels renfrognés confie-t-on la vendange des raisins secs ?

 

Et combien de génies perdus pour le théâtre et le cinéma ? C’est qu’il faut pour exister dans ces disciplines tant d’audace et d’aplomb, tant de force de persuasion et d’entregent pour convaincre producteurs et directeurs de salle, il faut être si rassurant aussi que devront y renoncer – que n’y songent même pas – les timides, les phobiques, les inhibés, les asociaux qui forment pourtant l'un des plus féconds contingents d’artistes et d’auteurs. On se prive là d’une angoisse qui aurait pu, dans ces domaines aussi, enfanter de grandes œuvres. Toujours manquera au cinéma et au théâtre la contribution des inadaptés.

 

Homme lézardé, à la moindre alerte, je disparais dans ma lézarde.

mercredi 9 octobre 2024

5665

Il est d’usage de se laver les mains après avoir pissé. Pour ce qui me concerne, cette toilette est bien inutile. Mon sexe est la section la plus propre de mon anatomie.

 

Savonné sous la douche avec soin, et vigueur, emmailloté précautionneusement dans une lingerie immaculée fleurant le bouquet de Provence de ma lessive, épargné grâce au miracle de la circoncision par les méphitiques macérations prépuciennes, il reste jusqu’au soir rose et frais comme un nouveau-né, il faut avoir vu ça.

 

Et donc, pour ma part, je me lave les mains avant de pisser afin de ne pas exposer aux microbes et à l’ordure de ce monde, dans laquelle inévitablement tout le jour mes doigts traficotent, ce dernier morceau de mon corps demeuré pur et candide.

mardi 8 octobre 2024

5664

Logé par le castor, nourri par le martin-pêcheur, blanchi par le raton-laveur, tu comprends mieux maintenant pourquoi je me suis installé au bord de la rivière ?

 

Deux chaises se font face de part et d’autre de la table. Mais l’une voudrait déjeuner et, l’autre, jouer aux échecs.

 

SUZIE (un tremblement dans la voix) – Papa, il ne me reste plus que 30 minutes…

MOI (affolé plus encore) – 30 minutes ! Mais c’est affreux ! Mais quelle horreur ! Qui t’a annoncé cela, ma chérie, de quoi souffres-tu, quel est le mal qui va t’emporter si vite et t’arracher si brutalement à mon amour ?

SUZIE – Arrête, papa, tu m’énerves, tu sais très bien que je ne parle pas de mon espérance de vie, mais de mon temps d’écran pour aujourd’hui !

 

[Reprise du Marathon autofictif de Christophe Brault. Il faut voir ça. Jeudi 17 octobre, 20h, à la Maison de la poésie.]

lundi 7 octobre 2024

5663

Très honnêtement, je suis souvent le seul à bosser dans l’open space. Les uns tapent la discute, échangent des anecdotes, d’autres lisent le journal ou caressent leurs téléphones en buvant un thé. Certains même picorent avec les doigts du fromage et de la charcuterie sur une planche ! Je me demande avec un peu d’inquiétude combien de livres vont sortir de nos bureaux cette année.

 

Encore une campagne victorieuse pour le général qui imagina de faire porter à ses soldats, en guise de godillots, des chaussures de bowling.

 

M’est avis que les fourmis ne savent pas choisir leurs représentants syndicaux.

dimanche 6 octobre 2024

5662

Le rire qui suit le pet est bien malodorant.

 

Et si nous décidions de remplacer l’interjection putain !, qui revient comme une ponctuation dans nos phrases, par puritain ! ? D’abord, ça fera des vacances à la première ; puis nous verrons comment ce dernier, ainsi continuellement convoqué, s’y prendra pour amender de l’intérieur notre langue ordurière et nos mœurs dissolues ; enfin, nous aurons mille fois par jour l’occasion d’exprimer l’énervement que ce raseur nous inspire. Reconditionnons donc notre réflexe, il suffit de glisser une syllabe entre celles qui nous viennent si spontanément, ce ne devrait pas être bien difficile.

 

Les marrons se ternissent après quelques jours dans l’allée. Rien qui ne soit récupérable, par bonheur, avec un bon coup d’encaustique.

samedi 5 octobre 2024

5661

Son atelier périclite. C’est étonnant parce qu’il n’y en a pourtant pas deux comme elle pour recoudre les paupières.

 

L’existence du poulet élevé en batterie n’est guère enviable ; mais que dire alors de celle du demi-poulet ?

 

Tu es pourtant le héros qui a fait reculer l’éléphant, pourquoi cette clameur hostile là-bas derrière ?

vendredi 4 octobre 2024

5660

Inspiré par le principe des capsules temporelles, ces petits trésors enfouis dans le sol à destination des générations futures, j’ai résolu dorénavant d’enterrer mes manuscrits plutôt que de les éditer, accroissant ainsi considérablement mes chances d’être lu dans l’avenir.

 

Quelle triste ironie ! À peine eut-on enfin admis que les Noirs aussi avaient une âme que l’on découvrait que les Blancs n’en avaient pas non plus.

 

Mais est-il encore possible d’être contondant sans tuer personne ?

  


jeudi 3 octobre 2024

5659

Les considérations météorologiques que nous échangeons quand nous n’avons rien à nous dire, dans les commerces ou avec les vagues connaissances malencontreusement croisées dans la rue, me sont devenues insupportables. Pourquoi toujours parler des états du ciel ? Ce ne sont pourtant pas les seules banalités à notre portée. Dites donc, le sol est bien ferme sous nos pieds, ce matin ! Par exemple.

 

se masturbe

à coups de masse

ou forge un sabre

 

Il faudrait placer un tiret au début et à la fin de chaque livre. Lequel n’est jamais, tout entier, qu’une incise.

mercredi 2 octobre 2024

5658

Perrine, serveuse dans le café où j’ai mes habitudes, m’annonce que celui-ci restera fermé trois jours en raison de travaux nécessités par une fuite d’eau.

MOI – Ne pourrions-nous pas essayer plutôt de nous habituer aussi à cette fuite d’eau ?

 

LA COIFFEUSE (après l’ultime coup de peigne, désignant ses laques et ses gels) – On met quelque chose dessus ?

MOI – Ma capuche.

 

Je suis un fruit ! Je suis un fruit ! Peine perdue, la tomate finit dans la ratatouille.

 

mardi 1 octobre 2024

5657

Afin de protéger notre sommeil, le rêve intègre dans son intrigue tout ce qui menace celui-ci, le bruit ambiant, l’événement qui tourmente, la douleur qui lancine. Il faudrait pouvoir conserver cette faculté à l’état de veille et laisser le songe absorber les avanies afin de vivre avec insouciance.

 

Notre monde humain est bas de plafond. Nous restons prisonnier de la volière.

 

Dès que je suis appelé en jeu, c’est la catastrophe, maladresses, imprécisions, passivité. Mais je donne toute ma mesure sur la touche, un poste où je suis sans rival sérieux.