La fourmi sait quelle est sa mission. Jamais n’hésite ni ne doute. J’envie son assurance, sa résolution. Je me dis alors que celles-ci deviendraient miennes si je partageais ses objectifs.
Je commence donc à
charrier sur mon dos des graines, des brindilles, des insectes morts. Je creuse des
galeries, j’ouvre des pistes qui mènent au miel ou à la charogne, sans parvenir
pourtant à me départir du sentiment que toutes ces activités sont absurdes et
vaines et ne justifient pas une vie.
Mon scepticisme revient
en force. Plus grave, il contamine mes nouvelles congénères. Leurs colonnes
laborieuses se défont. Par ma faute, ces innombrables petits êtres,
démobilisés, démoralisés, se demandent à présent eux aussi à quoi employer
leurs jours. Oh, comme je suis confus !