Et par exemple, avant de pénétrer dans une voiture, puis de la quitter, le contrôleur de train japonais s’immobilise, bras le long du corps, et s’incline légèrement, même si tous les passagers lui tournent le dos.
Après deux
semaines de séjour à Tokyo et Kyoto, séduit par la civilité et l’équanimité de leurs
habitants, j’ai fait miennes leurs mœurs policées et je me propose dès ce matin
de répandre ce doux personnage dans ma ville. Si ce n’est que la dame pour qui
je retiens la porte de la boulangerie ne me remercie pas et que je me vois
forcé en conséquence de la traiter de radasse à lunettes. Si ce n’est que je
refuse sèchement le café froid que pose devant moi un garçon revêche et mal
coiffé, qui s’en offusque et que nous en venons presque aux mains. Si ce n’est
qu’en sortant du bar, constatant que le temps est en train de tourner, il me
paraît prudent de dérober un parapluie parmi les parapluies du porte-parapluie.
Quelques
heures m’auront suffi pour redevenir un sauvage parmi les sauvages.