Avec la première cuillerée de soupe commence la vaisselle du souper.
Je dois refuser le
livre que m’offre ce jeune écrivain, son premier roman, car ma bibliothèque est
pleine, comme si tout avait été écrit déjà, aucun nouveau volume n’y pourrait
tenir, plus un intervalle ouvert, plus un interstice (dans les plus fines
fentes, se logent les opuscules). Parce qu’il semble navré, je lui fais une
promesse :
– Dès que l’un des
auteurs présents sur mes rayonnages tombe dans l’oubli et que sa place se
libère, elle est pour toi !
Il piaffe.
J’ai pour voisin un
autre ermite dont je convoite les arpents de solitude afin d’agrandir mon
domaine.