5507

Quand mon agenda se remplit, quand je vois que s’annoncent tant de déplacements, de rendez-vous, de départs, de rencontres, alors l’affolement me gagne, une espèce de panique, comme si j’allais devoir vivre tout cela en même temps, et tandis que je suis là, immobile, dans mon lit, assis à une table de café, sur le banc d’un parc, un livre à la main, dans mon canapé ou dans un fauteuil de cinéma – les cinq stations de mon calvaire quotidien –, il me semble être une sorte de fou gesticulant, vociférant, suant, croulant sous le poids de ses bagages.

 

Vise les yeux des moineaux, c’est un exercice cruel, bien sûr, mais si tu veux vraiment progresser au ping-pong.

 

Puis je fis brusquement volte-face. L’horizon dans mon dos était complètement dégagé.

5506

Parfois une belle idée paradoxale me vient, une formule dont la subtilité m’enchante. Alors, ombre sur mon plaisir, je suis saisi par la crainte que quelqu’un ait déjà eu cette même illumination et je la confie en tremblant à un moteur de recherche qui me confirme qu’un écrivain en effet, il y a quelques années, s’est accaparé la trouvaille : moi.

 

La fête par bonheur fait oublier la corvée des préparatifs. Puis il faut tout remettre en ordre.

 

Tant sont gros, durs et forts les mollets de ce cycliste qu’un unique coup de pédale suffit à le propulser jusqu’à sa destination, aussi manque-t-il d’exercice, ce qui explique pourquoi ses muscles fondent et pourquoi ses mollets sont si maigres, mous et sans tonus.

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Je ne pensais pas, en partageant ici mes doutes et mes incertitudes, susciter de telles polémiques. Il me semble pourtant qu’une telle décision relève de mon libre choix.

 

Or, visiblement, chacun se sent autorisé à s’en mêler, à donner son avis. La presse se déchire. Les réseaux sociaux sont en ébullition. La chose serait remontée jusqu’aux oreilles du président Macron qui devrait s’exprimer sur la question lors d’une prochaine allocution télévisée.

 

Or, je le répète, j’estime qu’il n’appartient qu’à moi de décider si je me fais ou non épiler le scrotum !

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Je peins à fresque sur des murs dont le crépi s’effrite, j’édifie des ruines, j’engraisse la broussaille, j’affrète des épaves, j’annonce dans un style suranné la fin du monde.

 

Son visage est si revêche, son air si féroce que personne n'oserait pénétrer chez lui s'il n'avait pour chien de garde cet adorable petit cocker blanc.

 

Par accident, son fil invisible s’est pris entre mes doigts. J’en ai profité pour assouvir ma curiosité en suivant celui-ci jusqu’au bout et je sais maintenant qui manœuvre le papillon. J’ai promis de ne rien révéler, mais pour une surprise, c’est une surprise !

 

[Amis de Paris, la nouvelle saison du Marathon autofictif de Christophe Brault à la Maison de la poésie commence mercredi prochain, 4 octobre, à 20 h. Nous vous y attendons. Réservation recommandée.]

 

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Nappe de dentifrice les soies roses de ton cochon de lait, tu mordras dedans à belles dents !

 

Je rangeai mon bureau, mis de l’ordre dans mes papiers… Par bonheur, je ne disposais pas d’une arme car il est bien possible alors qu’entraîné par l’enchaînement mécanique de ces actions, je me sois machinalement brûlé la cervelle.

 

Sa longue jambe jaillit du short mais n’en finit plus d’entrer dans la botte.

 

5502

La population vieillit et je me demande ce que nos édiles attendent pour aménager dans les villes des parcs de déambulateurs – appelons-les par exemple Déambulibs’ – mis à la disposition des habitants moyennant le coût d’un modeste abonnement ?

Tulipe qui s’étiole a soif de vin.

 

J’ai chaque jour un moment de grande angoisse quand mon geôlier, après avoir déposé devant moi la cruche et le brouet, s’éloigne dans le couloir obscur. Où se perd-il, mon Dieu, au-devant de quelles menaces s’avance-t-il, de quels périls, de quels désastres, le malheureux ?

  

[Amis de Normandie, je suis invité par le festival Terre de paroles pour une rencontre animée par Rémi David, dimanche prochain, 1^er octobre, à 11h, à l’Abbaye de Jumièges. M’accompagneront mes amis comédiens Julie Delarme et Christophe Brault qui liront les dialogues de Zoologiques. Leur performance, répétée plusieurs fois déjà, est vraiment remarquable.]

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En refusant de choir, le parachutiste si hardi ne fait pourtant que déchoir.

 

Non seulement les moustiques prolifèrent, mais ils deviennent de plus en plus malins. Celui-ci m’a piqué d’abord sur les deux paupières supérieures qui ont aussitôt gonflé jusqu’à m’aveugler complètement. Après quoi, tandis que je giflais l’air au hasard et distribuais des claques sur les murs, il m’a vidé de mon sang par la cheville en toute impunité.

 

Même lorsque le lévrier est immobile, son corps entre le museau et la queue n’est jamais que le dégradé de sa course.

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Charles III et François… cette semaine, la France reçoit un roi et un pape. Montjoie ! Saint-Denis ! Vous pouvez rentrer de votre exil, malheureux bannis, vos terres et vos titres vous seront restitués. Voici enfin les premiers signes de cette Restauration que tout Français nostalgique de la grandeur de notre pays appelle de ses vœux !

 

La carpe insatiable rêve du jour où elle sera vraiment farcie.

 

Tu passes sans cesse du théâtre à l’arène ; moi, je reste assis dans les gradins.

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Le linge était sec. Une averse brève mais torrentielle le trempe à nouveau sur son fil. Tout est à refaire, or je suis bien fatigué.

 

Le rebond imprévisible du ballon de rugby contribue à la beauté fantasque de ce sport et il me semble, à l’heure où les matchs de tennis opposent de plus en plus souvent deux robots frappeurs, qu’il pourrait être judicieux de mettre en jeu des balles ovoïdes.

 

Comme je lui passe commande d’une tarte à l’époisses, mon fromager me reprend durement : – Cela s’appelle, monsieur, une flamiche burgonde ! Je ne veux plus d’autre sensitivity reader pour mes livres.

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Catastrophe ! Cet épouvantable raseur marche droit dans ma direction… Trop tard pour faire demi-tour ou changer de trottoir. Puis-je feindre de ne pas le voir en fouillant dans mon sac ? Cela ne l’empêchera pas de m’alpaguer. En vain, je cherche une issue, une ruse pour me dérober.

 

Mais alors que quelques mètres seulement nous séparent désormais et que j’ai renoncé à chercher une échappatoire, voilà tout à coup qu’il s’engouffre en courant dans une ruelle perpendiculaire.

 

Le grossier personnage !

 

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Du changement ! De nouveaux projets, un nouvel horizon ! Voilà à quoi aspirait tout mon être. Secouer cette routine mortifère ! Délaissant la table que j’occupe chaque jour, je m’installai donc, ce matin, à l’angle opposé de la terrasse du café où j’ai mes habitudes. Mais c’était trop rapidement passer d’une extrémité à l’autre et je me sentis bientôt gagné par une irrépressible angoisse.

 

L’alcool creuse en toi son lit de méandres. Ta barque tangue sur ce fleuve impétueux qui traverse des terres arides et les fertilise, puis laisse derrière lui ces riants paysages et se jette dans la mort.

 

Il y avait déjà un couple qui baisait dans l’ascenseur. Nous avons dû prendre l’escalier de secours.

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Il n’est jamais trop tard pour ouvrir les yeux. En prenant de l’âge, je m’avise que ce fameux vieux con dont je conspuais depuis toujours la pensée obtuse et réactionnaire est en réalité un sage, instruit par l’expérience, qui défend les vraies valeurs menacées par l’ignorance et la vulgarité. Mea culpa.

 

Certains pandas devinrent tout blancs ; les autres tout noirs ; mais tous disparurent.

 

On ne comprend pas tout de suite, puis on a un peu peur. Ce tout petit monsieur tiendrait dans le sandwich que, très voracement, il s’enfile.

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1,2,3… et c’est tout ?! C’est fini ? Je me souviens du temps où je dénombrais 807 brins d’herbe, couché sur ma pelouse, et j’étais pourtant loin du compte. Mais c’était avant les canicules foudroyantes, avant les sécheresses galopantes, avant les moissons de cendre et les vendanges de poussière, quand j’avais encore dans mes membres de la sève.

 

Névralgies fulgurantes et cris perçants, la plus douce fourrure aussi a son revers.

 

Les moineaux font partir les mouches ; les pigeons dispersent les moineaux ; le chien chasse les pigeons… j’arrête là, tout le monde a compris que c’est un lion finalement qui dévorera la part de pizza abandonnée sur ce banc.