Il gisait là, sans vie, recroquevillé, déjà raide. L’examen du corps ne révéla aucune blessure. Et ce n’était peut-être qu’un lérot, découvert ce matin dans l’herbe, devant l’abri de jardin, mais j’aurais bien aimé connaître le fin mot de cette histoire. Car enfin, nous avions là une mort inexpliquée et un cadavre sur les bras.
L’hypothèse
de l’empoisonnement semblait exclue, la mort-aux-rats ne compte pas parmi les
céréales que nous stockons dans l’abri. Un chat aurait laissé sur le petit
corps la trace sanglante de sa griffe. Fallait-il alors classer le dossier et
conclure à une mort naturelle ? Il paraissait pourtant bien jeune encore,
ce lérot.
Sinon
quoi ? Un règlement de comptes ? Mais pourquoi et qui serait impliqué
dans cette vengeance ? Comment en vouloir à un lérot ? Comment lui en
vouloir au point de le tuer ? Quelle mafia donnerait un tel ordre à ses
sbires ? Un accident, peut-être ? Une chute ? Le lérot est agile
et l’herbe épaisse sous l’abri. Je ne vois plus que le suicide. Pourquoi le
lérot ne serait-il pas sujet aux angoisses de la déréliction ? Alors il se
sera simplement arrêté de respirer.