Irène Lindon, c’était au contraire – et cela vaut beaucoup mieux – une main de velours dans un gantelet de fer. Frêle silhouette de noir vêtue, un peu raide dans les volutes de fumée de l’éternelle et plus souple Gitane. Comme chez Jérôme, son père, un abord plutôt austère étudié pour décourager la familiarité et que menaçait pourtant toujours aussi une disposition remarquable pour le rire. Encore fallait-il être drôle.
Sa disparition, dimanche, m’attriste beaucoup.
Mon éditrice de plus de 30 ans. Une figure importante de ma vie. Aussi
inconsidérément obstinée que moi à publier mes livres invendables, une
vingtaine sous sa direction.
Demandant fidélité en retour, mais la mienne
lui était acquise. Elle gardait son mystère, toute une existence secrète. Ou
était-elle entièrement vouée à Minuit ? Possible. Sa passion, une si noble
tâche. Avec toute ma reconnaissance et tout mon respect, chère Irène, et, oui,
pardon, toute mon affection aussi.