Ce couple de touristes ignore qu’il s’est installé à ma table habituelle, mais n’est-il pas indélicat et méprisant de voyager dans une contrée inconnue sans se renseigner un minimum sur les mœurs des autochtones ?
Aussi bien, me voilà
contraint de m’asseoir à une autre table, laquelle possède également son
habitué, absent en cet instant mais qui, tenez, entre justement dans le café et
me toise avec sévérité, comme si j’avais rompu un pacte frontalier de
non-agression et envahi son territoire. Je dois avouer que je ne suis pas fier.
Puis l’effet domino
s’endiable et, de proche en proche, désorganise complètement l’économie
bistrotière de la région Bourgogne-France-Comté – d’autant que lesdits dominos
sont ici les symboles euphémisés de solides piliers de bars qui s’abattent à
grand fracas sur les zincs et les guéridons, parmi les éclats de verre et de
porcelaine. Ce couple de touristes ne pouvait-il pas s’en venir roucouler
plutôt à Venise comme tous les autres ?