Alors certes, l’organisation du festival m’a réservé un billet de première classe, mais je découvre avec dépit sur celui-ci que ma place est sise au sein d’un ‘Club Duo vis-à-vis’. L’horrible invention ! C’est la certitude d’un échange de regards gênés deux heures durant, qui se fuient et pourtant se croisent sans cesse, de pieds qui se heurtent, d’excuses marmonnées, de sourires pâles… Quant à espérer lire…. Quant à écrire… !
Mais par miracle, alors que la voiture est
bondée, il semble que mon vis-à-vis ait eu un empêchement. Le siège d’en face
reste vide. Le train démarre. Je prends seul mes aises dans notre club,
finalement tout à fait cosy. Je déploie la tablette centrale et l’aménage à mon
goût (une photo de mes filles, un pilea en pot, un galet presse-papiers de la
plage des Sabias, des livres, des feuilles éparses…). Puis j’étends les jambes.
Et c’est alors qu’il arrive, suant et
soufflant, mon vis-à-vis, qui s’était trompé de club. Et aussitôt on s’y met…
échanges de regards embarrassés, coups de pieds, pâles excuses… Et quant à
lire… quant à écrire…