Souvent,
je rêve que j’écris. Et de belles choses, vous pouvez me croire !
Seulement, je n’en ai plus aucun souvenir au réveil, juste une
impression, cuisante comme un remords.
Or
ce matin, me revient de l’un de mes rêves, non une de ces pages de
poésie nouvelle, mais un échange téléphonique avec une personne
de ma connaissance, réellement atteinte d’une maladie grave. Comme
je lui demande comment elle se sent, elle me répond : « oh,
ça va comme un troupeau. »
Et
immédiatement je comprends le sens de cette heureuse formule :
sa santé est fluctuante, ça va ça vient, il y a des jours
terribles, des jours meilleurs, certaines de ses forces résistent,
certaines déclinent, tout comme il y a dans le troupeau mouvant des
bêtes plus vaillantes que d’autres. Oui, l’expression mériterait
de rester. Ça va comme un troupeau. Mais alors tous ces
écrits oniriques effacés au réveil ?! Ma grande œuvre perdue ! Oh, comme ça cuit !