Exquise urbanité sur les pentes accidentées de la Montagne Pelée. Ceux qui descendent et ceux qui montent échangent des bonjour, pardon, merci, je vous en prie, après vous, plus nombreux qu’en six mois dans la cohue citadine. Quant à moi, plus délicat encore, j’ajoute volontiers Toutes mes condoléances, car il serait bien étonnant que cet inconnu que je croise n’ait pas perdu récemment un être cher.
Le gastéropode endémique est doté d’une coquille conique spiralée qui ne se loge pas dans les trous ronds de mon assiette à escargots. Elle aura fait pour rien le voyage depuis la Bourgogne.
Et quand enfin, après deux heures d’une ascension harassante, périlleuse, souvent plus proche de l’escalade, non sans avoir maintes fois glissé sur les pierres, tordu tes chevilles, cogné tes genoux, non sans avoir effectué un bond de trois mètres en arrière, puis un autre de cinq mètres en avant pour éviter la matoutou falaise, une mygale rien moins que pelée, tu parviens au sommet du volcan et que tu te retournes pour contempler, ébahi, le vaste et sublime panorama, Saint Pierre, l’Océan, c’est pour découvrir le plus opalin, le plus opaque, le plus encombrant, le plus bruineux nuage qui ait jamais aboli la Martinique dans son brouillard.