Ne relâchant pas un seul instant mon combat contre l’enseigne pâtissière La Quéquetterie, trop insouciante exhibition de la vulgarité de l’époque, je ne recule devant aucun procédé, si vil et déloyal soit-il, pour la discréditer. C’est ainsi que je me suis posté aux abords de l’une de ces boutiques, hier, de laquelle j’ai feint de sortir lorsque s’en est approché un groupe de jeunes gens affamés. Je tenais alors à la main et lorgnais d’un œil dubitatif un croissant acheté dans une boulangerie voisine. Ce cas douloureux de torsion pénienne a opportunément coupé l’appétit des lycéens qui s’en sont allé goûter ailleurs.
Je veux croire que le fragment qui précède eût fait sourire Patrick Kéchichian qui me confiait quelquefois les réflexions que lui inspirait telle ou telle considération de ce journal, sans se départir jamais de son humour ni de son amicale ironie. Homme de foi, il était tout sauf doctrinaire et plaçait la littérature presque aussi haut que Dieu, c'est dire dans quelles nues ! J’apprends sa mort avec beaucoup de tristesse. Il a souvent écrit sur mes livres, toujours avec sagacité, et s’amusait à dire pour m’énerver qu’il lisait ce journal chaque matin, comme une prière. J’y accroche aujourd’hui ces mots à sa mémoire avec quatre clous dorés, comme un ex-voto.
SUZIE – J’ai eu 19/20 au contrôle sur Oscar et la dame rose, d’Eric-Emmanuel Schmitt !
MOI – Ah mince, je te croyais bonne en français…