La brume du souvenir arrondit les angles, adoucit les visages. C’est elle que nous aimons. On voudrait se la procurer en aérosol pour y noyer le présent.
Je me garde bien des
confidents. Ils attirent la plainte, l’enroulent autour de leur bobine. Et
quand elle s’épuise, ils tournent encore leur maudite manivelle pour t’arracher
la langue et les boyaux.
Et pourtant, le monde peut
redevenir en un instant cette forêt des premiers âges, profonde, bruissante,
obscure, inquiétante. Il suffit pour cela que quelqu’un nous abandonne.