dimanche 25 septembre 2022

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Un homme et une femme sont assis en terrasse, à une table voisine de la mienne. C’est peut-être un premier rendez-vous. On comprend tout de suite que l’homme vit un moment exaltant, que pour lui le temps file à toute allure. Et il apparaît avec la même évidence que la femme s’ennuie, que pour elle le temps s’éternise. Or, en effet, il passe si vite pour lui et si lentement pour elle qu’il vieillit à vue d’œil, blanchit, se décrépit, tandis qu’elle reste la même (et bâille). Et je me dis qu’elle sera bientôt débarrassée de lui, qu’il va mourir là, devant elle, tomber en cendres et qu’alors enfin, elle pourra se lever, partir et rejoindre le cours normal du temps (quitte à prendre un petit coup de vieux).

 

Le monde a bien changé, constate la girafe en se remémorant son enfance.

 

Mon ombre s’allonge avec le soir et finit par tout recouvrir : vous n’y voyez plus rien.