Dès huit heures, dans le froid de l’hiver, les ouvriers casqués sont à pied d’œuvre sur ce chantier de construction, en face de la maison où je séjourne. Ils sont courageux. J’ai peine à imaginer une telle existence.
Mais
le bâtiment que leurs efforts héroïques fait sortir de terre dans le fracas insupportable
des machines sera – le panneau publicitaire du promoteur accroché aux grilles en
montre déjà les images – un immeuble à balconnets mesquins très inesthétique dont
la présence va dégrader irrémédiablement le paysage et fermer l’horizon.
Ainsi
l’écrivain en vacances qui les regarde par sa fenêtre soulever des poutres de
fer et manœuvrer leurs terribles engins, mécontent d’avoir été tiré du sommeil
par le bruit des moteurs, fait un sort à la vague honte qui l’a visité et retourne
se coucher en maugréant.