vendredi 11 novembre 2022

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Pardon, je suis désolé, s’excuse-t-il après m’avoir très légèrement et involontairement bousculé dans la cohue de ce trottoir parisien. Je me retourne et toise cet olibrius qui se permet de m’adresser si abruptement la parole. Il consulte un guide de la capitale. Un provincial, j'aurais dû m'en douter !

 

Et zou, elle est encore partie je ne sais zou !

 

À cette table, quatre écrivains au talent reconnu, deux comédiens remarquables, un physicien de haute réputation, un artiste admirable et deux chanteurs lyriques formidablement doués. Mais pour Émilie, qui n’a pas tort non plus, c’est l’inévitable tablée de poivrots qui s’attardent alors que son service s’achève, que le restaurant va fermer, et qu’elle doit encore dresser la salle pour demain avant de rentrer chez elle à l’autre bout de Paris dans la nuit et le froid.

 

[J’ai écrit une préface pour La Machine gouverne, initialement paru en 1926 sous le titre Propos sur l’intelligence, un texte visionnaire de Paul Valéry que l’on croirait écrit aujourd’hui par un lanceur d’alerte, et qui vient de sortir aux éditions Les Lapidaires.]